Un peu, beaucoup... François Lequesne.

Fleuriste, jardinier, paysagiste, horticulteur, je suis tout cela à la fois et pour résumer : créateur végétal. Ce métier a été longtemps clivé entre le côté jardinier et le côté fleuriste. Les deux aspects réunis donnent un artisan de la nature, c’est comme cela que je me définirais.


Je ne travaille pas uniquement les fleurs mais la nature tout entière. J’apprécie les fleurs locales, tout ce qui rend le paysage proche, quotidien.
D’ailleurs, l’importance des ressources végétales de chaque région ne cesse de m’étonner. Pour moi, la beauté du paysage s’impose comme une évidence même dans les gestes les plus anodins, comme le fait de glaner par exemple.
Depuis mon enfance, j’adore cela. En accomplissant ce geste, j’ai le sentiment de ramener, d’une certaine façon, la nature au cœur de la ville, de faire en sorte qu’elle parvienne chez moi avant les autres. Et puis, elle est une telle source d’inspiration pour moi que j’ai du mal à me séparer des objets. Avant de jeter quoi que ce soit, je me pose toujours la question de savoir si je ne ferais pas mieux de le garder, de le recycler. C’est ce mélange des genres qui apporte une note inédite et savoureuse aux bouquets que je confectionne.
Pour créer, j’ai besoin en permanence de me ressourcer, de sentir le produit sur place. Il me semble que trop de fleuristes sont coupés de leurs racines en quelque sorte. Être à la fois chef d’entreprise et créateur est un édifice délicat à construire.

Le fleuriste contemporain doit se tenir aux manettes, un peu comme le chef devant ses fourneaux. Il doit être vigilant, que l’on sache qu’il est là car c’est lui le garant de la valeur ajoutée.
Comme défricheur d’idées, de sensations, de perceptions et surtout apporteur de bonheur, de beauté, je revendique une philosophie
« botanique » de la vie.
Je suis convaincu que savoir cultiver son jardin avec rigueur et humilité permet de découvrir la vraie nature de la nature.
Même quand elle semble se taire, elle parle à celui qui sait prendre le temps de la regarder. L’essentiel de mon message réside dans cette idée. Je n’ai rien de plus à faire passer ; c’est pour moi la quintessence même du métier que j’exerce...